INTERVIEW
Charles Leclerc : « On pourrait avoir des surprises ce week-end »
Auteur du meilleur chrono lors de la première séance libre du Grand Prix de Monaco, Charles Leclerc n’exclut pas quelques surprises ce week-end dans les rues de sa principauté natale.
D’entrée, il a affiché ses intentions. Victorieux dès l’ouverture du championnat dans la nuit étoilée de Bahreïn, Charles Leclerc a endossé sans le moindre complexe le costume de grand favori à la couronne mondiale en cette saison de tous les changements. De nouveau dominateur trois semaines plus tard dans les rues de l’Albert Park (Australie. Ndlr), le pilote Ferrari a rapidement pris la poudre d’escampette au classement avant qu’une erreur en Émilie-Romagne (il termine sixième de la course après avoir tapé dans la Variente Alta en chassant la Red Bull de Sergio Perez. Ndlr) et un abandon en Espagne (causé par une défaillance du turbo et du MGU-H. Ndlr) ne viennent quelque peu bouleverser la physionomie d’un début de saison pourtant très réussi. Dépossédé de la tête du championnat par ce diable de Max Verstappen (le Néerlandais compte six points d’avance sur le Monégasque. Ndlr), l’enfant prodige de la Principauté a toutefois vite évacué sa déception, focalisant toute son attention sur la prochaine épreuve du calendrier à Monaco. Déterminé à enfin conjurer le mauvais sort qui le poursuit à domicile depuis ses débuts en monoplace en 2017, le protégé de Nicolas Todt entend profiter de son rendez-vous à la maison pour enrayer la série triomphante de son adversaire hollandais (Verstappen vient de remporter les trois dernières courses. Ndlr) et ainsi récupérer un trône de leader qu’il avait fait sien depuis Sakhir.
Vous disputez ce week-end votre quatrième Grand Prix de Monaco au volant d’une Formule 1. Ressentez-vous toujours autant d’engouement autour de vous à l’approche de cette course à domicile ?
Comme toujours, il y a beaucoup d’attente ici. C’était déjà le cas la première année chez Ferrari. Le Grand Prix a, ensuite, été annulé une année (l’édition 2020 n’avait pas pu avoir lieu en raison de l’épidémie de Covid 19. Ndlr) avant que l’on revienne la saison passée. À chaque fois que je viens courir à la maison, l’engouement est important. Ressentir le soutien des gens d’ici fait forcément très plaisir. Maintenant, je ne me mets pas plus la pression que ça. L’objectif est de garder la même concentration que j’ai pu afficher sur les autres courses depuis le début de l’année. Il n’est pas nécessaire de faire quelque chose de spécifique ce week-end.
L’an passé, la Ferrari avait très bien fonctionné dans les rues de la Principauté. À quoi vous attendez-vous cette année ? Le si singulier tracé monégasque peut-il encore une fois bouleverser la hiérarchie ?
Je n’ai, honnêtement, pas d’attentes particulières ici. L'an dernier on n’avait pas été très compétitif toute la saison sauf à Monaco où notre voiture s’était montrée très rapide. Elle avait peut-être même été l’une des plus véloces sur ce circuit. On pourrait donc avoir des surprises ce week-end. Des teams auxquels on ne s’attend pas forcément pourraient venir se mêler à la lutte pour la victoire. J’espère juste que cela ne changera pas dans le mauvais sens pour nous (sourire. Ndlr). Pour être honnête, je ne le pense pas car on a une voiture assez solide depuis le début de l’année aussi bien dans les virages lents que dans les virages moyens et les virages rapides. On est vite partout. Je veux croire qu’on aura une auto performante ici aussi et qu’on sera capable de se battre pour la victoire. On verra, ensuite, avec qui.
Cette saison les monoplaces sont non seulement beaucoup plus lourdes, mais aussi nettement moins agiles qu’elles ne l’étaient l’an passé. Doit-on s’attendre à davantage d’erreurs de la part des pilotes ce week-end ?
Pas nécessairement. On a eu le temps de s’habituer à ces nouvelles monoplaces depuis le début de la saison. On a couvert pas mal de tours que ce soit en essais hivernaux ou en course donc si on voit plus d’erreurs cette année ce ne sera pas à cause des autos. Les voitures sont plus basses cette saison et avec les bosses présentes à Monaco, elles pourraient effectivement être plus difficiles à contrôler. S’il y a davantage de fautes ce week-end, ce sera plus pour cette raison à mon avis.
D’entrée, il a affiché ses intentions. Victorieux dès l’ouverture du championnat dans la nuit étoilée de Bahreïn, Charles Leclerc a endossé sans le moindre complexe le costume de grand favori à la couronne mondiale en cette saison de tous les changements. De nouveau dominateur trois semaines plus tard dans les rues de l’Albert Park (Australie. Ndlr), le pilote Ferrari a rapidement pris la poudre d’escampette au classement avant qu’une erreur en Émilie-Romagne (il termine sixième de la course après avoir tapé dans la Variente Alta en chassant la Red Bull de Sergio Perez. Ndlr) et un abandon en Espagne (causé par une défaillance du turbo et du MGU-H. Ndlr) ne viennent quelque peu bouleverser la physionomie d’un début de saison pourtant très réussi. Dépossédé de la tête du championnat par ce diable de Max Verstappen (le Néerlandais compte six points d’avance sur le Monégasque. Ndlr), l’enfant prodige de la Principauté a toutefois vite évacué sa déception, focalisant toute son attention sur la prochaine épreuve du calendrier à Monaco. Déterminé à enfin conjurer le mauvais sort qui le poursuit à domicile depuis ses débuts en monoplace en 2017, le protégé de Nicolas Todt entend profiter de son rendez-vous à la maison pour enrayer la série triomphante de son adversaire hollandais (Verstappen vient de remporter les trois dernières courses. Ndlr) et ainsi récupérer un trône de leader qu’il avait fait sien depuis Sakhir.
Vous disputez ce week-end votre quatrième Grand Prix de Monaco au volant d’une Formule 1. Ressentez-vous toujours autant d’engouement autour de vous à l’approche de cette course à domicile ?
Comme toujours, il y a beaucoup d’attente ici. C’était déjà le cas la première année chez Ferrari. Le Grand Prix a, ensuite, été annulé une année (l’édition 2020 n’avait pas pu avoir lieu en raison de l’épidémie de Covid 19. Ndlr) avant que l’on revienne la saison passée. À chaque fois que je viens courir à la maison, l’engouement est important. Ressentir le soutien des gens d’ici fait forcément très plaisir. Maintenant, je ne me mets pas plus la pression que ça. L’objectif est de garder la même concentration que j’ai pu afficher sur les autres courses depuis le début de l’année. Il n’est pas nécessaire de faire quelque chose de spécifique ce week-end.
L’an passé, la Ferrari avait très bien fonctionné dans les rues de la Principauté. À quoi vous attendez-vous cette année ? Le si singulier tracé monégasque peut-il encore une fois bouleverser la hiérarchie ?
Je n’ai, honnêtement, pas d’attentes particulières ici. L'an dernier on n’avait pas été très compétitif toute la saison sauf à Monaco où notre voiture s’était montrée très rapide. Elle avait peut-être même été l’une des plus véloces sur ce circuit. On pourrait donc avoir des surprises ce week-end. Des teams auxquels on ne s’attend pas forcément pourraient venir se mêler à la lutte pour la victoire. J’espère juste que cela ne changera pas dans le mauvais sens pour nous (sourire. Ndlr). Pour être honnête, je ne le pense pas car on a une voiture assez solide depuis le début de l’année aussi bien dans les virages lents que dans les virages moyens et les virages rapides. On est vite partout. Je veux croire qu’on aura une auto performante ici aussi et qu’on sera capable de se battre pour la victoire. On verra, ensuite, avec qui.
Cette saison les monoplaces sont non seulement beaucoup plus lourdes, mais aussi nettement moins agiles qu’elles ne l’étaient l’an passé. Doit-on s’attendre à davantage d’erreurs de la part des pilotes ce week-end ?
Pas nécessairement. On a eu le temps de s’habituer à ces nouvelles monoplaces depuis le début de la saison. On a couvert pas mal de tours que ce soit en essais hivernaux ou en course donc si on voit plus d’erreurs cette année ce ne sera pas à cause des autos. Les voitures sont plus basses cette saison et avec les bosses présentes à Monaco, elles pourraient effectivement être plus difficiles à contrôler. S’il y a davantage de fautes ce week-end, ce sera plus pour cette raison à mon avis.
« Les améliorations apportées à Barcelone ont déjà permis d’effectuer un gros step en course. On gérait bien les pneus en Espagne. Le feeling était bon et on n’avait pas forcément de dégradation »
Ce Grand Prix de Monaco pourrait être perturbé par la pluie dimanche après-midi. Redoutez-vous ces conditions humides ou pensez-vous pouvoir tout de même tirer votre épingle du jeu sur une piste détrempée ?
On a, il est vrai, rencontré pas mal de problèmes sous la pluie ces dernières années avec Ferrari. On avait plus de mal sur le mouillé que sur le sec, mais cette saison les choses se sont un peu améliorées. On l’a vu à Imola (les pilotes Ferrari ont signé les deux meilleurs temps des essais libres 1 sur une piste détrempée. Ndlr). On était plutôt pas mal sous la pluie. Qu’il pleuve ou qu’il fasse beau ne change donc rien pour moi. S’il venait à pleuvoir dimanche je serais forcément obligé de changer ma façon de piloter, car sous la pluie la prise de risque est toujours plus élevée. En revanche, la manière de gérer la course restera la même et ce quelque soit les conditions que l’on aura.
Ferrari a apporté ses premières évolutions sur la F1-75 le week-end dernier à Barcelone. Avez-vous été convaincus par ces nouveautés ?
Clairement. Ces améliorations ont été positives, car elles nous ont permis de faire un pas en avant en termes de performance. Ces nouvelles pièces ont fonctionné exactement comme on attendait qu’elles fonctionnent ce qui est une excellente nouvelle. Quelquefois, on s’aperçoit de petites différences entre ce que l’on voit sur les ordinateurs à l’usine et ce que cela donne sur la voiture en piste. Pas cette fois. La dégradation des pneus était bien meilleure à Barcelone. Prétendre que l’on a totalement réglé ce problème d’usure après seulement une course serait toutefois un peu prématuré. On a, incontestablement, vu des progrès, mais il faudra attendre encore quelques Grand Prix pour être certain que cela fonctionne bien.
Vous avez déjà décroché quatre pole positions cette saison, mais vous n’en avez hélas converti que deux en succès. Pour espérer rivaliser jusqu’au bout avec Max Verstappen et Red Bull dans la course au titre mondial, ne faudra-t-il pas faire en sorte que la Ferrari soit aussi compétitive le dimanche que le samedi après-midi ?
Complètement. Comme je viens de l’expliquer, les améliorations apportées à Barcelone ont déjà permis d’effectuer un gros step en course. On gérait bien les pneus en Espagne. Le feeling était bon et on n’avait pas forcément de dégradation. Alors bien sûr Max (Verstappen. Ndlr) avait commis une erreur, mais petit à petit on creusait l’écart sur lui. Il va falloir continuer à bosser dans ce sens parce que Red Bull est très forte en matière de développement. Maintenant, on ne doit pas paniquer pour autant. On a prouvé à Barcelone que les améliorations marchaient bien. Il faut, désormais, en amener des nouvelles pour réaliser un autre pas en avant.
« À chaque fois qu’il (Verstappen) a gagné cette saison, lui comme moi savions qu’il avait une voiture peut-être un petit peu meilleure ce week-end là et vice-versa. Il n’y a donc pas forcément eu de grosses batailles jusque-là. Mais je vous rassure : il y en aura »
Après votre démonstration de force australienne, vous possédiez 46 points d’avance sur votre principal rival au championnat Max Verstappen. Aujourd’hui, vous accusez six longueurs de retard sur le Néerlandais à la suite de votre abandon en Catalogne. Êtes-vous contrariés d’avoir cédé 52 points à votre adversaire direct en seulement trois courses ?
Cela ne m’atteint pas vraiment. Maintenant, ce n’est jamais idéal de perdre 52 points en trois Grand Prix. On a rencontré ce problème moteur sur la dernière course, mais encore une fois je préfère me focaliser sur les points positifs. La performance était bel et bien là à Barcelone. Les pièces apportées sur la voiture nous ont aidé à faire un pas en avant. On avait, à mon avis, repris un peu le dessus en termes de gestion de pneus, mais aussi plus généralement sur le plan de la performance en qualification et en course. Oui on a perdu beaucoup de points, mais ce sont des choses qui arrivent dans un championnat. La saison est encore longue et je suis certain que l’on aura de très nombreuses opportunités de nous refaire.
On a souvent qualifié Max Verstappen de « dirty driver » depuis son arrivée dans la discipline. Pourtant, vos batailles avec le pilote Red Bull ont été très correctes cette saison. Comment l’expliquez-vous ?
Je ne pense pas que Max soit un pilote « sale ». Il conduit, juste, à la limite. C’est d’ailleurs comme ça que j’aime rouler et me battre en Formule 1. On s’est affronté de cette manière-là pendant de très nombreuses années en karting et on le fait toujours aujourd’hui en F1. Alors certes les choses sont peut-être un peu différentes depuis le début de l’année, mais cela s’explique assez facilement. On a, simplement, été plus patient lors de nos face-à-face. À chaque fois qu’il a gagné cette saison, lui comme moi savions qu’il avait une voiture peut-être un petit peu meilleure ce week-end là et vice-versa. Il n’y a donc pas forcément eu de grosses batailles jusque-là. Mais je vous rassure : il y en aura ! C’est juste une question de temps.
Les F1 version 2022 souffrent, depuis le début de l’année, d’un très étrange phénomène de rebond en ligne droite. Avez-vous été surpris par ce « marsouinage » ?
Je crois que tout le monde a été surpris par ce phénomène-là. On n’avait plus vu de tels rebonds sur les autos depuis de très nombreuses années en Formule 1. Mais contrairement à d’autres, j’ai de la chance parce que je ne suis pas du tout sensible à ces mouvements-là. Je les ressens bien évidemment car cela bouge pas mal, mais cela ne me dérange pas plus que cela. Le « marsouinage » ne représente donc pas un gros problème pour moi. Maintenant, cela dépend des teams et des voitures aussi. Certaines écuries semblent plus affectées que les autres. On faisait partie des teams qui en avait beaucoup au début, mais on s’est amélioré avec le temps et aujourd’hui cela va un peu mieux. Ce sera intéressant de voir comment ce phénomène se répercutera à Monaco sur une piste qui est quand même relativement bosselée.
Propos recueillis par Andrea Noviello
INTERVIEW
Romain Grosjean : « Un Grand Prix
de Monaco cela reste toujours
très compliqué »
Enfin parvenu à débloquer son compteur personnel il y a deux semaines à Barcelone, Romain Grosjean disputera ce dimanche son huitième Grand Prix de Monaco au volant d’une Formule 1. Soucieux de ne pas revivre le cauchemar de l’an dernier, le pilote tricolore s’est posé quelques instants dans le motorhome de son écurie Haas le temps de revenir sur son difficile début de saison 2019 et d’évoquer la singularité du rendez-vous princier.
Les Haas s’étaient montrées particulièrement fringantes cet hiver pendant les essais hivernaux. Vous n’avez pourtant pas réussi à convertir ces promesses en gros points lors des cinq premiers Grand Prix de la saison. Vous attendiez-vous à vivre une entame de championnat aussi poussive ?
Non, clairement pas. Les essais hivernaux se sont effectivement super bien passés pour nous. On naviguait entre la troisième et la quatrième place générale. Mercedes était un peu en difficulté au début, puis ce fut le tour de Red Bull de connaître des problèmes. En Australie, on a montré que l’on répondait bien présent. La suite a, il est vrai, été plus compliquée. On a surtout manqué de réussite. La voiture était également difficile à exploiter. Le Grand Prix d’Espagne nous a ensuite fait du bien. On a retrouvé de bonnes sensations au volant et on a réussi à se battre devant tout au long du week-end. J’espère qu’ici (à Monaco. Ndlr) et au Canada, on parviendra à faire fonctionner ces satanés pneus. Dans le cas contraire, on risque de vivre un nouveau week-end long et pénible.
Cela peut paraître paradoxal, mais les trois écuries motorisées par Ferrari (Haas, Ferrari, Alfa Romeo) ont souffert lors des cinq premières courses après avoir volé pendant l’hiver. Le moteur Ferrari n’a pourtant jamais semblé aussi efficace que cette année …
C’est vrai. Je pense toutefois qu’Alfa Romeo a tout mis à fond lors des essais hivernaux. Lorsque l’on regarde plus attentivement les données GPS, on s’aperçoit qu’ils étaient extrêmement rapides dans les lignes droites. Contrairement à nous, ils n’ont absolument pas caché leur jeu cet hiver. De notre côté, nous roulions en mode « tranquille ». Ferrari aussi s’était montrée extrêmement performante à Barcelone. Il faut, cependant, se souvenir que l’on partage énormément de pièces avec la Scuderia. On a les mêmes suspensions, les mêmes trains roulants, les mêmes boîtes de vitesses, les mêmes moteurs. S’ils rencontrent des difficultés pour faire fonctionner leurs pneus ou pour générer le maximum de grip, alors imaginez un peu quelles peuvent être les nôtres. Elles sont même surmultipliées par rapport à eux.
Ces si controversés pneus Pirelli, parlons-en justement. Le Grand Prix d’Espagne vous-a-t-il permis de mieux assimiler leur fonctionnement ?
Aucune idée ! On sait dans quelles conditions ils fonctionnent et comment ils fonctionnent. Maintenant, comment y arrive-t-on ? On n’a pas encore trouvé la réponse à cette question. On verra bien ce week-end. Après, je me trompe peut-être. Il est aussi possible que nous ayons effectué un bon pas en avant en la matière. Barcelone a confirmé ce que l’on pensait en termes de chiffres. On sait désormais avec certitude où il faut être pour faire fonctionner le pneu. On s’est rendu compte qu’à Bahreïn, en Chine et en Azerbaïdjan, on n’était pas dans la bonne fenêtre. Cela explique nos difficultés et notre faible rythme de course. Maintenant, va-t-on réussir à rentrer dans la bonne fenêtre d’utilisation ici ? Je l’ignore.
Les Haas s’étaient montrées particulièrement fringantes cet hiver pendant les essais hivernaux. Vous n’avez pourtant pas réussi à convertir ces promesses en gros points lors des cinq premiers Grand Prix de la saison. Vous attendiez-vous à vivre une entame de championnat aussi poussive ?
Non, clairement pas. Les essais hivernaux se sont effectivement super bien passés pour nous. On naviguait entre la troisième et la quatrième place générale. Mercedes était un peu en difficulté au début, puis ce fut le tour de Red Bull de connaître des problèmes. En Australie, on a montré que l’on répondait bien présent. La suite a, il est vrai, été plus compliquée. On a surtout manqué de réussite. La voiture était également difficile à exploiter. Le Grand Prix d’Espagne nous a ensuite fait du bien. On a retrouvé de bonnes sensations au volant et on a réussi à se battre devant tout au long du week-end. J’espère qu’ici (à Monaco. Ndlr) et au Canada, on parviendra à faire fonctionner ces satanés pneus. Dans le cas contraire, on risque de vivre un nouveau week-end long et pénible.
Cela peut paraître paradoxal, mais les trois écuries motorisées par Ferrari (Haas, Ferrari, Alfa Romeo) ont souffert lors des cinq premières courses après avoir volé pendant l’hiver. Le moteur Ferrari n’a pourtant jamais semblé aussi efficace que cette année …
C’est vrai. Je pense toutefois qu’Alfa Romeo a tout mis à fond lors des essais hivernaux. Lorsque l’on regarde plus attentivement les données GPS, on s’aperçoit qu’ils étaient extrêmement rapides dans les lignes droites. Contrairement à nous, ils n’ont absolument pas caché leur jeu cet hiver. De notre côté, nous roulions en mode « tranquille ». Ferrari aussi s’était montrée extrêmement performante à Barcelone. Il faut, cependant, se souvenir que l’on partage énormément de pièces avec la Scuderia. On a les mêmes suspensions, les mêmes trains roulants, les mêmes boîtes de vitesses, les mêmes moteurs. S’ils rencontrent des difficultés pour faire fonctionner leurs pneus ou pour générer le maximum de grip, alors imaginez un peu quelles peuvent être les nôtres. Elles sont même surmultipliées par rapport à eux.
Ces si controversés pneus Pirelli, parlons-en justement. Le Grand Prix d’Espagne vous-a-t-il permis de mieux assimiler leur fonctionnement ?
Aucune idée ! On sait dans quelles conditions ils fonctionnent et comment ils fonctionnent. Maintenant, comment y arrive-t-on ? On n’a pas encore trouvé la réponse à cette question. On verra bien ce week-end. Après, je me trompe peut-être. Il est aussi possible que nous ayons effectué un bon pas en avant en la matière. Barcelone a confirmé ce que l’on pensait en termes de chiffres. On sait désormais avec certitude où il faut être pour faire fonctionner le pneu. On s’est rendu compte qu’à Bahreïn, en Chine et en Azerbaïdjan, on n’était pas dans la bonne fenêtre. Cela explique nos difficultés et notre faible rythme de course. Maintenant, va-t-on réussir à rentrer dans la bonne fenêtre d’utilisation ici ? Je l’ignore.
« Kevin est un pilote extrêmement agressif et il semblerait que coéquipier ou pas il pratique exactement la même politique. Maintenant je le sais. La prochaine fois, je fermerai simplement la porte »
Vos problèmes depuis le début de la saison s’expliquent-ils uniquement par cette mauvaise compréhension des pneumatiques Pirelli ou l’aérodynamique de la voiture entre-t-elle aussi en ligne de compte ?
Non, la base de la voiture est bonne. On n’est pas capable d’aller plus vite que la Red Bull à Barcelone si on n’a pas une bonne aérodynamique. La voiture est clairement réussie sur ce point-là. L’évolution apportée à Barcelone a également fonctionné comme il se doit. Certes cela n’a pas révolutionné la voiture, mais ça a permis de franchir un cap important. Même sans, je pense que l’on aurait de toute façon été capable de se battre pour une septième place en course. Encore une fois la principale difficulté, c’est vraiment de comprendre cette liaison au sol pour générer du grip dans les gommes.
Vous auriez pu décrocher un bien meilleur résultat à Barcelone sans l’incident avec Kevin Magnussen. Êtes-vous satisfaits des explications post Grand Prix d’Espagne que vous avez pu avoir avec votre coéquipier ?
Que je le sois ou non, cela ne changera de toute façon rien au résultat final de la course. Alors avançons (sourire) ! En attendant Kevin, on a eu une longue discussion avec Gunther Steiner. On a dû passer vingt ou trente minutes ensemble. En fin de compte le plus décevant c’était pour l’équipe, car on n’a pas connu un début de championnat facile. Pour la première fois de l’année, nos deux voitures se trouvaient dans les points. Personne dans le garage n’était donc content après ce qu’il s’est passé. Voir ça c’était un peu triste d’autant que cela nous a fait perdre trois points au championnat constructeurs voire même davantage encore. Àla fin de l’année, les points laissés en route à Barcelone pourraient compter dans la balance. J’espère simplement que cela ne sera pas le cas. Dans le cas contraire, on pourrait s’en mordre les doigts.
Avez-vous été surpris de la virilité de la manœuvre du Danois en Catalogne ?
Oui, d’autant qu’en course Kevin était moins rapide que moi. Tout le week-end il a d’ailleurs été un petit peu en retrait. L’agressivité de sa défense sur la deuxième attaque m’a également beaucoup surpris. Sans ça, j’avais peut-être une chance de me battre avec la Red Bull de devant (celle de Pierre Gasly Ndlr). Au final on ne le saura jamais. Kevin est un pilote extrêmement agressif et il semblerait que coéquipier ou pas il pratique exactement la même politique. Maintenant je le sais. La prochaine fois, je fermerai simplement la porte.
Non, la base de la voiture est bonne. On n’est pas capable d’aller plus vite que la Red Bull à Barcelone si on n’a pas une bonne aérodynamique. La voiture est clairement réussie sur ce point-là. L’évolution apportée à Barcelone a également fonctionné comme il se doit. Certes cela n’a pas révolutionné la voiture, mais ça a permis de franchir un cap important. Même sans, je pense que l’on aurait de toute façon été capable de se battre pour une septième place en course. Encore une fois la principale difficulté, c’est vraiment de comprendre cette liaison au sol pour générer du grip dans les gommes.
Vous auriez pu décrocher un bien meilleur résultat à Barcelone sans l’incident avec Kevin Magnussen. Êtes-vous satisfaits des explications post Grand Prix d’Espagne que vous avez pu avoir avec votre coéquipier ?
Que je le sois ou non, cela ne changera de toute façon rien au résultat final de la course. Alors avançons (sourire) ! En attendant Kevin, on a eu une longue discussion avec Gunther Steiner. On a dû passer vingt ou trente minutes ensemble. En fin de compte le plus décevant c’était pour l’équipe, car on n’a pas connu un début de championnat facile. Pour la première fois de l’année, nos deux voitures se trouvaient dans les points. Personne dans le garage n’était donc content après ce qu’il s’est passé. Voir ça c’était un peu triste d’autant que cela nous a fait perdre trois points au championnat constructeurs voire même davantage encore. Àla fin de l’année, les points laissés en route à Barcelone pourraient compter dans la balance. J’espère simplement que cela ne sera pas le cas. Dans le cas contraire, on pourrait s’en mordre les doigts.
Avez-vous été surpris de la virilité de la manœuvre du Danois en Catalogne ?
Oui, d’autant qu’en course Kevin était moins rapide que moi. Tout le week-end il a d’ailleurs été un petit peu en retrait. L’agressivité de sa défense sur la deuxième attaque m’a également beaucoup surpris. Sans ça, j’avais peut-être une chance de me battre avec la Red Bull de devant (celle de Pierre Gasly Ndlr). Au final on ne le saura jamais. Kevin est un pilote extrêmement agressif et il semblerait que coéquipier ou pas il pratique exactement la même politique. Maintenant je le sais. La prochaine fois, je fermerai simplement la porte.
« On a clairement la quatrième meilleure voiture du plateau à l’heure actuelle. Cela ne fait aucun doute désormais. Mais avec cette même auto, on ne s’est qualifié qu’aux douzièmes et quatorzièmes places à Bakou »
Venons-en à ce Grand Prix de Monaco. Haas n’avait jamais réussi à exister la saison dernière dans les rues de la Principauté. Ce scénario catastrophe peut-il se répéter cette année ?
Il y a des chances en effet. On ne va partir pessimiste, mais si on n’arrive pas à bien utiliser les pneus, je ne vois pas comment on pourrait aller vite à Monaco. On a clairement la quatrième meilleure voiture du plateau à l’heure actuelle. Cela ne fait aucun doute désormais. Mais avec cette même auto, on ne s’est qualifié qu’aux douzièmes et quatorzièmes places à Bakou. Si aujourd’hui on ne réussit pas à assurer une bonne liaison au sol avec l’asphalte, derrière on ne peut rien faire. On est juste impuissant.
Ces dernières années, la Formule 1 a vu de nombreux Grand Prix en ville émerger à l’instar de Bakou ou de Singapour. Monaco garde-t-il, selon vous, son statut de référence des courses urbaines ?
Monaco n’est pas le circuit le plus sélectif du championnat, car il requiert un type de pilotage un peu différent des autres. Le tracé représente bien évidemment un sacré challenge à affronter, mais on ne peut pas le comparer à des pistes comme Suzuka, Spa-Francorchamps ou même Silverstone. Maintenant, Monaco reste sans aucun doute le Grand Prix le plus glamour de l’année et la course la plus irremplaçable du calendrier. Après, il demeure aussi le Grand Prix le plus chiant de la saison pour les pilotes. Ce qui n’empêche pas que tout le monde veuille venir ici. Il y a toujours quelque chose d’extraordinaire avec Monaco. En revanche, une fois que la course a commencé ce n’est plus tout à fait la même chanson.
Le plaisir se limite-t-il dès lors qu’à la seule qualification en Principauté ?
Àla qualification oui et très certainement aussi à celui de franchir le drapeau à damier dans la peau du vainqueur. Je l’ai vécu en GP2. La qualification à Monaco, c’est un super moment. Si vous êtes devant en course, vous vous contentez de maîtriser. Vous pouvez rouler à votre rythme. Après, il ne faut pas se laisser déconcentrer pour autant. On se souvient tous de ce qui est arrivé à Ayrton Senna ici. Il avait près d’un tour d’avance sur son dauphin Prost et cela ne l’a pas empêché de terminer sa course dans les barrières. Même si l’on roule plus doucement, rien n’est simple ici. Un Grand Prix de Monaco cela reste toujours très compliqué.
Il y a des chances en effet. On ne va partir pessimiste, mais si on n’arrive pas à bien utiliser les pneus, je ne vois pas comment on pourrait aller vite à Monaco. On a clairement la quatrième meilleure voiture du plateau à l’heure actuelle. Cela ne fait aucun doute désormais. Mais avec cette même auto, on ne s’est qualifié qu’aux douzièmes et quatorzièmes places à Bakou. Si aujourd’hui on ne réussit pas à assurer une bonne liaison au sol avec l’asphalte, derrière on ne peut rien faire. On est juste impuissant.
Ces dernières années, la Formule 1 a vu de nombreux Grand Prix en ville émerger à l’instar de Bakou ou de Singapour. Monaco garde-t-il, selon vous, son statut de référence des courses urbaines ?
Monaco n’est pas le circuit le plus sélectif du championnat, car il requiert un type de pilotage un peu différent des autres. Le tracé représente bien évidemment un sacré challenge à affronter, mais on ne peut pas le comparer à des pistes comme Suzuka, Spa-Francorchamps ou même Silverstone. Maintenant, Monaco reste sans aucun doute le Grand Prix le plus glamour de l’année et la course la plus irremplaçable du calendrier. Après, il demeure aussi le Grand Prix le plus chiant de la saison pour les pilotes. Ce qui n’empêche pas que tout le monde veuille venir ici. Il y a toujours quelque chose d’extraordinaire avec Monaco. En revanche, une fois que la course a commencé ce n’est plus tout à fait la même chanson.
Le plaisir se limite-t-il dès lors qu’à la seule qualification en Principauté ?
Àla qualification oui et très certainement aussi à celui de franchir le drapeau à damier dans la peau du vainqueur. Je l’ai vécu en GP2. La qualification à Monaco, c’est un super moment. Si vous êtes devant en course, vous vous contentez de maîtriser. Vous pouvez rouler à votre rythme. Après, il ne faut pas se laisser déconcentrer pour autant. On se souvient tous de ce qui est arrivé à Ayrton Senna ici. Il avait près d’un tour d’avance sur son dauphin Prost et cela ne l’a pas empêché de terminer sa course dans les barrières. Même si l’on roule plus doucement, rien n’est simple ici. Un Grand Prix de Monaco cela reste toujours très compliqué.
« Monaco est un tracé un peu particulier. Ici, on monte en puissance tout au long des essais. Le seul tour que vous allez réellement faire à fond, c’est le tout dernier des qualifications »
À Monaco plus qu’ailleurs le moindre écart de pilotage s’avère fatal. Devez-vous vous réfréner davantage que sur les autres circuits du calendrier avant d’aller chercher les limites ?
Complètement. Monaco est un tracé un peu particulier. Ici, on monte en puissance tout au long des essais. Le seul tour que vous allez réellement faire à fond, c’est le tout dernier des qualifications. Cela peut être en Q1, en Q2, mais j’espère sincèrement que ce sera en Q3. Le dernier tour, on pose le cerveau et on met tout dans la balance. Avant, il faut savoir en garder un petit peu sous le pied. J’ai connu des années où j’ai immédiatement ressenti de superbes sensations au volant. Je pense notamment à 2012 ou même à 2013. Cette année-là, j’ai chatouillé les rails un peu trop souvent. J’ai, malheureusement, aussi rencontré pas mal de trafic pendant la qualification sans quoi j’aurais pu me battre pour la pole. Et inversement, certaines années l’auto décide de moins bien fonctionner. Le week-end devient alors très long. Chaque virage représente un Everest en soi. On va voir comment cela évolue cette année.
Les bosses de Mirabeau et de la chicane du Port constituent-elles toujours les principaux pièges de ce circuit complètement atypique ?
Oui. On y va à tâtons. Il faut tout d’abord que la voiture soit bien réglée. Ensuite, les choses doivent se passer correctement. Pour cela, il est préférable que l’auto ne talonne pas ou n’arrive pas en butée de suspension. Ce sont toutes des choses que j’ai déjà expérimenté à Monaco donc je peux en parler. Si par exemple vous freinez après la bosse et que la suspension arrive en butée sur le train arrière, vous n’avez plus de charge sur le train arrière. C’est le tête-à-queue assuré et plus si affinités. Il est donc important d’avancer tranquillement ici, de sentir la voiture et d’avoir la confiance.
Votre compatriote Simon Pagenaud s’élancera depuis la pole position ce dimanche lors des mythiques 500 Miles d’Indianapolis. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
C’est top ! Maintenant, Simon aura trente furieux derrière lui au départ. Je ne suis pas certain que la pole soit une très bonne chose sur le premier tour de course. En revanche, c’est toujours bon de partir aux avant-postes à Indianapolis. Quand on signe la pole, cela signifie forcément que la voiture fonctionne bien. La course, ce sera encore une autre histoire. La stratégie joue beaucoup là-bas. Mais cela serait vraiment chouette de le voir boire du lait le dimanche soir (sourire. Ndlr).
Complètement. Monaco est un tracé un peu particulier. Ici, on monte en puissance tout au long des essais. Le seul tour que vous allez réellement faire à fond, c’est le tout dernier des qualifications. Cela peut être en Q1, en Q2, mais j’espère sincèrement que ce sera en Q3. Le dernier tour, on pose le cerveau et on met tout dans la balance. Avant, il faut savoir en garder un petit peu sous le pied. J’ai connu des années où j’ai immédiatement ressenti de superbes sensations au volant. Je pense notamment à 2012 ou même à 2013. Cette année-là, j’ai chatouillé les rails un peu trop souvent. J’ai, malheureusement, aussi rencontré pas mal de trafic pendant la qualification sans quoi j’aurais pu me battre pour la pole. Et inversement, certaines années l’auto décide de moins bien fonctionner. Le week-end devient alors très long. Chaque virage représente un Everest en soi. On va voir comment cela évolue cette année.
Les bosses de Mirabeau et de la chicane du Port constituent-elles toujours les principaux pièges de ce circuit complètement atypique ?
Oui. On y va à tâtons. Il faut tout d’abord que la voiture soit bien réglée. Ensuite, les choses doivent se passer correctement. Pour cela, il est préférable que l’auto ne talonne pas ou n’arrive pas en butée de suspension. Ce sont toutes des choses que j’ai déjà expérimenté à Monaco donc je peux en parler. Si par exemple vous freinez après la bosse et que la suspension arrive en butée sur le train arrière, vous n’avez plus de charge sur le train arrière. C’est le tête-à-queue assuré et plus si affinités. Il est donc important d’avancer tranquillement ici, de sentir la voiture et d’avoir la confiance.
Votre compatriote Simon Pagenaud s’élancera depuis la pole position ce dimanche lors des mythiques 500 Miles d’Indianapolis. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
C’est top ! Maintenant, Simon aura trente furieux derrière lui au départ. Je ne suis pas certain que la pole soit une très bonne chose sur le premier tour de course. En revanche, c’est toujours bon de partir aux avant-postes à Indianapolis. Quand on signe la pole, cela signifie forcément que la voiture fonctionne bien. La course, ce sera encore une autre histoire. La stratégie joue beaucoup là-bas. Mais cela serait vraiment chouette de le voir boire du lait le dimanche soir (sourire. Ndlr).
Propos recueillis par Andrea Noviello
INTERVIEW
Charles Leclerc : « Cela ne va pas être un week-end facile pour nous »
Véritable attraction de ce 77ème Grand Prix de Monaco, Charles Leclerc a confié ses impressions lors d’un petit-déjeuner de presse organisé mercredi matin par la Scuderia Ferrari dans son luxuriant motorhome. Impatient d’en découdre à domicile, le Monégasque s’attend tout de même à souffrir sur un tracé qui devrait mettre en lumière les défauts de la SF90.
La Formule 1 pleure depuis lundi soir la disparition de l’une de ses légendes, Niki Lauda. Que représentait le triple champion du monde autrichien pour un jeune pilote comme vous ?
C’est évidemment une bien triste nouvelle. On était tous au courant de ses problèmes de santé depuis quelques mois. Cela n’en reste pas moins un très grand choc pour tout le monde de la F1. Une légende est partie. Je ne le connaissais pas personnellement, mais à chaque fois que je le croisais dans le paddock, il avait toujours le sourire. Lauda donnait l’image d’une personne super gentille et humble malgré tout ce qu’il a accompli durant sa carrière. C’est un exemple à suivre. Il manquera à beaucoup de monde et pas seulement dans le milieu de la course automobile.
Avant Barcelone, vous déclariez être satisfaits de votre début de saison chez Ferrari. Conservez-vous toujours le même jugement après le camouflet infligé par Mercedes à la Scuderia en Catalogne ?
Oui, je reste assez satisfait de mon entame de championnat. J’aurais bien évidemment préféré ne pas arracher le fond plat en Q2 à Barcelone, mais très honnêtement ce n’était pas une erreur comme à Bakou. Je ne peux, dès lors, pas trop m’en vouloir. C’est quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Je suis monté sur ce vibreur tout le week-end et il ne s’était jamais rien passé. Cette fois-là, j’ai simplement essayé d’en prendre un peu plus et j’ai arraché une bonne partie du fond plat. Cela a forcément compromis nos chances en qualification. Malgré ce souci, je conserve une impression positive de ce Grand Prix. Certes, on s’attend toujours à mieux en termes de résultat, mais on va redoubler d’efforts pour devenir meilleur à l’avenir.
Vous allez disputer ce week-end votre deuxième Grand Prix de Monaco en Formule 1. Dans quel état d’esprit abordez-vous cette course si spéciale pour vous ?
Ce n’est plus vraiment une nouveauté, même si cela le reste tout de même un petit peu. Ce sera ma première ici avec Ferrari donc ce sera forcément spécial. Concernant mon approche du week-end, j’essaye de garder le même que j’avais l’an dernier. Je suis simplement très heureux d’être ici et particulièrement motivé à l’idée de signer un bon résultat. J’ai hâte de prendre la piste demain (aujourd’hui).
La Formule 1 pleure depuis lundi soir la disparition de l’une de ses légendes, Niki Lauda. Que représentait le triple champion du monde autrichien pour un jeune pilote comme vous ?
C’est évidemment une bien triste nouvelle. On était tous au courant de ses problèmes de santé depuis quelques mois. Cela n’en reste pas moins un très grand choc pour tout le monde de la F1. Une légende est partie. Je ne le connaissais pas personnellement, mais à chaque fois que je le croisais dans le paddock, il avait toujours le sourire. Lauda donnait l’image d’une personne super gentille et humble malgré tout ce qu’il a accompli durant sa carrière. C’est un exemple à suivre. Il manquera à beaucoup de monde et pas seulement dans le milieu de la course automobile.
Avant Barcelone, vous déclariez être satisfaits de votre début de saison chez Ferrari. Conservez-vous toujours le même jugement après le camouflet infligé par Mercedes à la Scuderia en Catalogne ?
Oui, je reste assez satisfait de mon entame de championnat. J’aurais bien évidemment préféré ne pas arracher le fond plat en Q2 à Barcelone, mais très honnêtement ce n’était pas une erreur comme à Bakou. Je ne peux, dès lors, pas trop m’en vouloir. C’est quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Je suis monté sur ce vibreur tout le week-end et il ne s’était jamais rien passé. Cette fois-là, j’ai simplement essayé d’en prendre un peu plus et j’ai arraché une bonne partie du fond plat. Cela a forcément compromis nos chances en qualification. Malgré ce souci, je conserve une impression positive de ce Grand Prix. Certes, on s’attend toujours à mieux en termes de résultat, mais on va redoubler d’efforts pour devenir meilleur à l’avenir.
Vous allez disputer ce week-end votre deuxième Grand Prix de Monaco en Formule 1. Dans quel état d’esprit abordez-vous cette course si spéciale pour vous ?
Ce n’est plus vraiment une nouveauté, même si cela le reste tout de même un petit peu. Ce sera ma première ici avec Ferrari donc ce sera forcément spécial. Concernant mon approche du week-end, j’essaye de garder le même que j’avais l’an dernier. Je suis simplement très heureux d’être ici et particulièrement motivé à l’idée de signer un bon résultat. J’ai hâte de prendre la piste demain (aujourd’hui).
« De plus en plus de Monégasques suivent la Formule 1 depuis que j’ai rejoint Ferrari. Ils commencent à connaître mon visage maintenant. Quand ils me croisent sur Monaco, ils prennent le temps de s’arrêter et de me dire quelques mots »
L’an dernier, vous aviez déjà été au centre de toute les attentions pour votre premier Grand Prix à domicile. Cette année, les sollicitations seront encore décuplées compte-tenu de votre nouveau statut de pilote Ferrari. Ressentez-vous davantage de pression ?
Non, la pression je ne la subis pas. Je reçois, en revanche, beaucoup de soutien et cela fait plaisir. De plus en plus de Monégasques suivent la Formule 1 depuis que j’ai rejoint Ferrari. Ils commencent à connaître mon visage maintenant. Quand ils me croisent sur Monaco, ils prennent le temps de s’arrêter et de me dire quelques mots. Ce soutien, je le ressens vraiment et cela me donne encore plus envie de rouler en piste devant tous mes supporters.
Quelle impression cela fait de voir sa tête placardée un peu partout autour du circuit ?
Cela fait forcément plaisir. Cela prouve aussi tout le soutien dont je bénéficie en ce moment en Principauté. Je n’étais pas vraiment au courant de cette démarche. J’ignorais notamment que ma tête serait aussi imposante sur les tribunes (sourire). Cela m’a un peu surpris au début, mais c’est sympa à voir.
À Barcelone, la Ferrari était nettement en retrait sur les Mercedes en performance pure. Que pouvez-vous espérer ici sur un circuit aussi atypique ?
Cela ne va pas être un week-end facile pour nous. Clairement. Depuis le début de la saison, on a quand même eu un peu de mal dans les virages lents. C’était encore le cas à Barcelone il y a quinze jours. Or, le circuit de Monaco est avant tout réputé pour ses virages lents. Après, cela reste un tracé atypique, un circuit en ville donc on va essayer de pousser au maximum. À Bakou, on n’était pas trop mal et ce même dans les virages lents. Sur le papier, cette course s’annonce difficile pour nous, mais on va tout donner pour tenter de décrocher le meilleur résultat possible.
« À cause des murs on ne peut pas dépasser une certaine limite à Monaco, car dans le cas contraire c’est le crash assuré. Ici, il faut y aller petit à petit, tour après tour »
Comme vous l’évoquiez à l’instant, la SF90 semble souffrir d’un mal endémique dans les virages lents. Aviez-vous déjà perçu cette faiblesse lors des essais d’intersaison de Barcelone ?
Oui. Cela fait partie de la nature même de la voiture. Mais à la différence d’aujourd’hui, ce que l’on perdait dans le troisième secteur de Barcelone pendant l’hiver, on parvenait à le compenser dans le premier et le deuxième partiel. Au final, cela s’équilibrait sur un tour. Ce n’était malheureusement plus le cas en course. On ne gagnait pas assez dans les deux premiers secteurs pour pouvoir combler le temps perdu dans le dernier. On doit travailler sur ces virages lents.
Vous avez effectué deux jours d’essais à Barcelone dans la foulée du Grand Prix d’Espagne. Avez-vous spécifiquement travaillé sur Monaco ?
Non, on n’a pas effectué de travail spécifique pour Monaco, car la saison est encore trop longue. On a cherché à améliorer la voiture pour tous les circuits et pas seulement pour Monaco. On a procédé à différents tests et on a pu gagner un peu en performance. Pas assez sans doute pour être au niveau des Mercedes sur un tracé comme Barcelone, mais suffisamment pour progresser.
À Monaco plus qu’ailleurs tout est une question de rythme, de feeling derrière le volant. De quelle manière vous construisez-vous la confiance nécessaire pour dompter un circuit aussi exigeant mentalement ?
Assez simplement en réalité. À cause des murs on ne peut pas dépasser une certaine limite à Monaco, car dans le cas contraire c’est le crash assuré. Ici, il faut y aller petit à petit, tour après tour. On en rajoute progressivement un petit peu pour essayer de se rapprocher le plus possible des rails au moment où cela compte vraiment. Lors de la qualification. Sur les autres circuits on peut aller chercher la limite d’entrée, car les dégagements ou le gravier le permettent. À Monaco cela demande plus de temps.
Oui. Cela fait partie de la nature même de la voiture. Mais à la différence d’aujourd’hui, ce que l’on perdait dans le troisième secteur de Barcelone pendant l’hiver, on parvenait à le compenser dans le premier et le deuxième partiel. Au final, cela s’équilibrait sur un tour. Ce n’était malheureusement plus le cas en course. On ne gagnait pas assez dans les deux premiers secteurs pour pouvoir combler le temps perdu dans le dernier. On doit travailler sur ces virages lents.
Vous avez effectué deux jours d’essais à Barcelone dans la foulée du Grand Prix d’Espagne. Avez-vous spécifiquement travaillé sur Monaco ?
Non, on n’a pas effectué de travail spécifique pour Monaco, car la saison est encore trop longue. On a cherché à améliorer la voiture pour tous les circuits et pas seulement pour Monaco. On a procédé à différents tests et on a pu gagner un peu en performance. Pas assez sans doute pour être au niveau des Mercedes sur un tracé comme Barcelone, mais suffisamment pour progresser.
À Monaco plus qu’ailleurs tout est une question de rythme, de feeling derrière le volant. De quelle manière vous construisez-vous la confiance nécessaire pour dompter un circuit aussi exigeant mentalement ?
Assez simplement en réalité. À cause des murs on ne peut pas dépasser une certaine limite à Monaco, car dans le cas contraire c’est le crash assuré. Ici, il faut y aller petit à petit, tour après tour. On en rajoute progressivement un petit peu pour essayer de se rapprocher le plus possible des rails au moment où cela compte vraiment. Lors de la qualification. Sur les autres circuits on peut aller chercher la limite d’entrée, car les dégagements ou le gravier le permettent. À Monaco cela demande plus de temps.
« Nous, les pilotes, aimons par-dessus tout conduire et il n’y a, à mon avis, pas de meilleure piste que Monaco pour le faire. J’adore Monaco ! Cette course doit absolument rester dans le calendrier de la F1 »
En Azerbaïdjan, vous vous étiez immédiatement sentis à l’aise au volant de la Ferrari. Combien de temps vous faudra-t-il ici pour savoir si vous êtes ou pas en mesure de bien performer ce week-end ?
C’est toujours compliqué de le déterminer avec exactitude. Regardez Bakou. Entre la séance libre 3 et les qualifications, le différentiel avec Mercedes a fortement évolué. J’ai le sentiment qu’ils cachent quand même bien leur jeu jusqu’à la qualification. Ce n’est donc pas facile de se situer. En revanche, on saura rapidement si nos sensations tendent vers le positif ou le négatif. Si on est confortable dans la voiture demain (aujourd’hui), alors ce sera bon signe. Mais on ne pourra réellement déterminer notre position qu’après la qualification.
Les prévisions météorologiques annoncent un risque de pluie ce dimanche pour la course. Des conditions climatiques difficiles pourraient-elles jouer en votre faveur ?
Pourquoi pas ! J’imagine que ce serait encore plus la loterie. On verra comment la voiture se comportera sous la pluie. Je n’ai encore jamais roulé dans ces conditions avec cette auto. Je n’ai, également, jamais disputé de courses en monoplace sous la pluie ici. Ce serait donc une grande première depuis mes années karting. On verra bien.
Le Grand Prix de Monaco célèbre cette année son quatre-vingt-dixième anniversaire. Considérez-vous Monaco comme une course anachronique aujourd’hui ou demeure-t-elle toujours incontournable en Formule 1 à vos yeux ?
Monaco a toujours représenté un événement incroyable pour moi. Depuis que j’ai la chance d’y participer, elle est devenue ma course préférée de l’année. L’ambiance y est meilleure qu’ailleurs. Peut-être ne suis-je pas tout à fait objectif, car je cours à la maison. Nous, les pilotes, aimons par-dessus tout conduire et il n’y a, à mon avis, pas de meilleure piste que Monaco pour le faire. J’adore Monaco ! Cette course doit absolument rester dans le calendrier de la F1.
C’est toujours compliqué de le déterminer avec exactitude. Regardez Bakou. Entre la séance libre 3 et les qualifications, le différentiel avec Mercedes a fortement évolué. J’ai le sentiment qu’ils cachent quand même bien leur jeu jusqu’à la qualification. Ce n’est donc pas facile de se situer. En revanche, on saura rapidement si nos sensations tendent vers le positif ou le négatif. Si on est confortable dans la voiture demain (aujourd’hui), alors ce sera bon signe. Mais on ne pourra réellement déterminer notre position qu’après la qualification.
Les prévisions météorologiques annoncent un risque de pluie ce dimanche pour la course. Des conditions climatiques difficiles pourraient-elles jouer en votre faveur ?
Pourquoi pas ! J’imagine que ce serait encore plus la loterie. On verra comment la voiture se comportera sous la pluie. Je n’ai encore jamais roulé dans ces conditions avec cette auto. Je n’ai, également, jamais disputé de courses en monoplace sous la pluie ici. Ce serait donc une grande première depuis mes années karting. On verra bien.
Le Grand Prix de Monaco célèbre cette année son quatre-vingt-dixième anniversaire. Considérez-vous Monaco comme une course anachronique aujourd’hui ou demeure-t-elle toujours incontournable en Formule 1 à vos yeux ?
Monaco a toujours représenté un événement incroyable pour moi. Depuis que j’ai la chance d’y participer, elle est devenue ma course préférée de l’année. L’ambiance y est meilleure qu’ailleurs. Peut-être ne suis-je pas tout à fait objectif, car je cours à la maison. Nous, les pilotes, aimons par-dessus tout conduire et il n’y a, à mon avis, pas de meilleure piste que Monaco pour le faire. J’adore Monaco ! Cette course doit absolument rester dans le calendrier de la F1.
Propos recueillis par Andrea Noviello
INTERVIEW
Charles Leclerc : « Je n’ose même pas imaginer l’accueil qui m’attend à Monaco »
Rentré sur Monaco l’espace de quelques jours de repos, Charles Leclerc se confie sur ses débuts chez Ferrari et dévoile ses ambitions à trois semaines du Grand Prix le plus important de sa saison.
Dans exactement vingt et un jour, vous allez disputer le Grand Prix de Monaco sous les couleurs de la mythique Scuderia Ferrari. Trépignez-vous déjà d’impatience ?
Et comment ! Disputer un Grand Prix à domicile, c’est vraiment particulier vous savez. Mais courir à Monaco avec la combinaison Ferrari sur les épaules, c’est encore plus spécial pour moi. Avant, il y a Barcelone donc je vais déjà tâcher de bien négocier ce virage. J’aurais ensuite tout le temps de penser à Monaco. Il sera alors important de conserver la même approche que d’habitude. Je dois aborder cette course à la maison de la façon la plus normale possible.
L’an dernier, vous aviez été contraints à l’abandon pour votre grande première à domicile au volant d’une Formule 1. Que retenez-vous tout particulièrement de cette édition 2018 ?
Le circuit m’avait beaucoup plu. Malheureusement, la chance n’avait pas été avec nous ce week-end-là puisque nous avions cassé les freins pendant la course. C’est d’autant plus dommage que la performance était bonne durant les trois jours. J’espère pouvoir, de nouveau, me montrer compétitif cette année. Mais en termes de résultat brut, je vise beaucoup mieux en 2019.
Ferrari a la particularité de fédérer une communauté de fans incroyablement dense à travers le monde entier. À quoi vous attendez-vous pour Monaco ?
Comparativement à la saison dernière, les choses ont effectivement bien changé. Je reçois beaucoup plus de soutien de la part des fans et ce tout autour du monde. C’est extrêmement plaisant à vivre. Je n’ose même pas imaginer l’accueil qui m’attend à Monaco pour ma course à la maison. Ce sera, sans doute, encore plus spectaculaire à Monza pour le Grand Prix d’Italie. Depuis le début du championnat, je dois dire que j’ai été assez impressionné par le soutien des fans.
En parlant de supportérisme, souteniez-vous un pilote en particulier quand plus jeune vous assistiez au Grand Prix de Monaco en tant que simple spectateur ?
Pas vraiment. J’étais davantage attiré par les voitures et notamment celles arborant une livrée rouge (sourire). Les Ferrari ont toujours eu une signification spéciale pour moi et je ne dis pas ça parce que je roule pour eux désormais. Je ne saurais en expliquer réellement la raison, mais cela a toujours été comme ça. Malgré les années, une image est restée gravée dans ma mémoire. Je me revois à l’âge de cinq ans en train de jouer aux petites voitures sur le balcon de l’un de mes meilleurs amis. On était placé à la sortie du virage Sainte-Dévote et pendant que l’on s’amusait, on regardait aussi le Grand Prix. Personnellement, je ne prêtais attention qu’aux voitures rouges. Je devais déjà avoir la fibre Ferrari en moi.
Un pilote ne vous-a-t-il tout de même pas davantage marqué que les autres durant votre enfance ?
Oui, quelqu’un qui a perdu la vie il y a de cela vingt-cinq ans déjà. Ayrton Senna. Certes, je n’ai jamais pu le voir courir en vrai, mais mon père était un grand fan d’Ayrton. Il m’a, en toute logique, transmis sa passion pour ce pilote d’exception.
Et comment ! Disputer un Grand Prix à domicile, c’est vraiment particulier vous savez. Mais courir à Monaco avec la combinaison Ferrari sur les épaules, c’est encore plus spécial pour moi. Avant, il y a Barcelone donc je vais déjà tâcher de bien négocier ce virage. J’aurais ensuite tout le temps de penser à Monaco. Il sera alors important de conserver la même approche que d’habitude. Je dois aborder cette course à la maison de la façon la plus normale possible.
L’an dernier, vous aviez été contraints à l’abandon pour votre grande première à domicile au volant d’une Formule 1. Que retenez-vous tout particulièrement de cette édition 2018 ?
Le circuit m’avait beaucoup plu. Malheureusement, la chance n’avait pas été avec nous ce week-end-là puisque nous avions cassé les freins pendant la course. C’est d’autant plus dommage que la performance était bonne durant les trois jours. J’espère pouvoir, de nouveau, me montrer compétitif cette année. Mais en termes de résultat brut, je vise beaucoup mieux en 2019.
Ferrari a la particularité de fédérer une communauté de fans incroyablement dense à travers le monde entier. À quoi vous attendez-vous pour Monaco ?
Comparativement à la saison dernière, les choses ont effectivement bien changé. Je reçois beaucoup plus de soutien de la part des fans et ce tout autour du monde. C’est extrêmement plaisant à vivre. Je n’ose même pas imaginer l’accueil qui m’attend à Monaco pour ma course à la maison. Ce sera, sans doute, encore plus spectaculaire à Monza pour le Grand Prix d’Italie. Depuis le début du championnat, je dois dire que j’ai été assez impressionné par le soutien des fans.
En parlant de supportérisme, souteniez-vous un pilote en particulier quand plus jeune vous assistiez au Grand Prix de Monaco en tant que simple spectateur ?
Pas vraiment. J’étais davantage attiré par les voitures et notamment celles arborant une livrée rouge (sourire). Les Ferrari ont toujours eu une signification spéciale pour moi et je ne dis pas ça parce que je roule pour eux désormais. Je ne saurais en expliquer réellement la raison, mais cela a toujours été comme ça. Malgré les années, une image est restée gravée dans ma mémoire. Je me revois à l’âge de cinq ans en train de jouer aux petites voitures sur le balcon de l’un de mes meilleurs amis. On était placé à la sortie du virage Sainte-Dévote et pendant que l’on s’amusait, on regardait aussi le Grand Prix. Personnellement, je ne prêtais attention qu’aux voitures rouges. Je devais déjà avoir la fibre Ferrari en moi.
Un pilote ne vous-a-t-il tout de même pas davantage marqué que les autres durant votre enfance ?
Oui, quelqu’un qui a perdu la vie il y a de cela vingt-cinq ans déjà. Ayrton Senna. Certes, je n’ai jamais pu le voir courir en vrai, mais mon père était un grand fan d’Ayrton. Il m’a, en toute logique, transmis sa passion pour ce pilote d’exception.
« Mercedes en avait clairement gardé sous le pied pendant les tests hivernaux. Si on regarde attentivement leurs chronos du dernier jour, on s’aperçoit qu’ils étaient déjà très performants. Ils ont volontairement caché leur jeu »
Depuis votre arrivée chez Ferrari, vous avez été amenés à combattre des pilotes de la trempe d’Hamilton, Vettel, Bottas ou encore Verstappen. Parmi eux, lequel estimez-vous être votre plus grand rival à l’heure actuelle ?
Je ne peux pas en citer un en particulier. Lewis (Hamilton) et Valtteri (Bottas) ont, certes, pris une petite marge d’avance sur nous au championnat, mais ils demeurent plus que jamais nos principaux adversaires. Vous espériez sans doute que je réponde Sebastian (Vettel), mais en fin de compte nous travaillons ensemble au sein d’une même équipe. Notre but commun est de battre les Mercedes. Bien sûr, je veux le battre autant que lui veut me battre. Je crois, toutefois, que nous avons trouvé le bon compromis aujourd’hui entre nous. Nous travaillons main dans la main afin de développer la voiture et d’aider l’équipe à progresser.
Chez Ferrari, le leader s’appelle clairement Sebastian Vettel. Vous qui venez seulement de rejoindre les rangs de Maranello, quelle marge de décision possédez-vous à l’intérieur de l’équipe ? Pouvez-vous réellement imposer vos choix notamment en matière de réglages ?
Comme dans chaque team, le pilote a bien évidemment voix au chapitre en termes de set-up. L’écurie écoute toujours le ressenti du pilote et essaye de répondre du mieux possible à ses préférences. En revanche, la philosophie de la voiture de cette année s’inscrit dans la continuité du développement assuré l’an dernier par Sebastian (Vettel) et Kimi (Räikkönen). Je ne roulais pas pour Ferrari la saison passée donc je n’ai pas pu influer à ce niveau-là, mais en termes de set-up j’ai forcément mon mot à dire.
Lewis Hamilton a récemment déclaré qu’il revoyait en vous le Lewis de ses jeunes années en F1. Que vous inspire les propos du quintuple champion du monde ?
Entendre de tels compliments de la part d’un pilote comme Lewis est forcément très appréciable. Mais je préfère ne pas accorder, non plus, trop d’importance à ses propos. Je suis pleinement focalisé sur ma carrière. Mon seul objectif est de devenir la meilleure version de moi-même. Et pour y parvenir, je dois travailler mes points faibles et faire en sorte qu’ils deviennent des forces à l’avenir.
Vos faiblesses justement, parlons-en. Dans quels domaines sentez-vous avoir encore la plus grande marge de progression ?
Probablement au niveau de mes connaissances techniques. Je dois encore travailler ce secteur, car il est primordial en F1. On peut trouver beaucoup de performance quand on sait développer une voiture ou optimiser ses réglages. Ces compétences s’acquièrent bien évidemment avec l’expérience. Aujourd’hui, il s’agit très certainement de ma principale faiblesse.
Depuis votre arrivée chez Ferrari, vous avez été amenés à combattre des pilotes de la trempe d’Hamilton, Vettel, Bottas ou encore Verstappen. Parmi eux, lequel estimez-vous être votre plus grand rival à l’heure actuelle ?
Je ne peux pas en citer un en particulier. Lewis (Hamilton) et Valtteri (Bottas) ont, certes, pris une petite marge d’avance sur nous au championnat, mais ils demeurent plus que jamais nos principaux adversaires. Vous espériez sans doute que je réponde Sebastian (Vettel), mais en fin de compte nous travaillons ensemble au sein d’une même équipe. Notre but commun est de battre les Mercedes. Bien sûr, je veux le battre autant que lui veut me battre. Je crois, toutefois, que nous avons trouvé le bon compromis aujourd’hui entre nous. Nous travaillons main dans la main afin de développer la voiture et d’aider l’équipe à progresser.
Chez Ferrari, le leader s’appelle clairement Sebastian Vettel. Vous qui venez seulement de rejoindre les rangs de Maranello, quelle marge de décision possédez-vous à l’intérieur de l’équipe ? Pouvez-vous réellement imposer vos choix notamment en matière de réglages ?
Comme dans chaque team, le pilote a bien évidemment voix au chapitre en termes de set-up. L’écurie écoute toujours le ressenti du pilote et essaye de répondre du mieux possible à ses préférences. En revanche, la philosophie de la voiture de cette année s’inscrit dans la continuité du développement assuré l’an dernier par Sebastian (Vettel) et Kimi (Räikkönen). Je ne roulais pas pour Ferrari la saison passée donc je n’ai pas pu influer à ce niveau-là, mais en termes de set-up j’ai forcément mon mot à dire.
Lewis Hamilton a récemment déclaré qu’il revoyait en vous le Lewis de ses jeunes années en F1. Que vous inspire les propos du quintuple champion du monde ?
Entendre de tels compliments de la part d’un pilote comme Lewis est forcément très appréciable. Mais je préfère ne pas accorder, non plus, trop d’importance à ses propos. Je suis pleinement focalisé sur ma carrière. Mon seul objectif est de devenir la meilleure version de moi-même. Et pour y parvenir, je dois travailler mes points faibles et faire en sorte qu’ils deviennent des forces à l’avenir.
Vos faiblesses justement, parlons-en. Dans quels domaines sentez-vous avoir encore la plus grande marge de progression ?
Probablement au niveau de mes connaissances techniques. Je dois encore travailler ce secteur, car il est primordial en F1. On peut trouver beaucoup de performance quand on sait développer une voiture ou optimiser ses réglages. Ces compétences s’acquièrent bien évidemment avec l’expérience. Aujourd’hui, il s’agit très certainement de ma principale faiblesse.
« De la même manière que j’essaye d’oublier le plus rapidement possible mes erreurs, je tourne aussi très vite la page quand je réalise de bonnes choses. Je veux m’améliorer en permanence et pour cela je ne peux pas me contenter de rester sur mes acquis »
Comme on l’a encore vu à Bakou (Azerbaïdjan) après votre erreur des qualifications, vous ne vous pardonnez rien quand vous commettez un impair en piste. En vous montrant aussi critique envers vous-même, ne cherchez-vous pas quelque part à faire amende honorable auprès de votre équipe ?
Je ne réagis pas comme ça pour faire passer un message à mon team. Si je me comporte de la sorte, c’est parce que j’ai toujours été très exigeant avec moi-même. Cette volonté d’apprendre de mes erreurs m’accompagne depuis mes débuts en compétition. Elle m’a permis d’avancer et de progresser. Je n’aurais jamais dû commettre cette faute à Bakou. Tout simplement. Mais n’y cherchez pas là un quelconque message. Je suis naturellement très critique sur mes performances.
Combien de temps vous faut-il en général pour surmonter puis oublier une erreur comme celle commise en Azerbaïdjan ?
Très peu de temps pour être honnête. J’y pense pendant trois ou quatre heures. Après, je passe à autre chose. ÀBakou, cela m’a pris un peu plus de temps que d’habitude. Je me suis, ensuite, efforcé d’oublier et de regarder vers l’avant. Dans un cas comme celui-là, j’essaye de me focaliser le plus possible sur la prochaine échéance. Ressasser trop longtemps une faute de pilotage n’est déjà pas très bon en soi, mais cela l’est d’autant moins quand vous vous préparez à attaquer une course. J’ai assez vite zappé l’erreur des qualifications. Mais je n’ai rien entrepris de spécial pour la surmonter.
À Bahreïn vous êtes devenus le deuxième plus jeune poleman de l’histoire de la F1. Pourtant, vous n’avez pas célébré outre mesure cette performance grandiose. Pour quelle raison ?
Je suis simplement comme ça. J’étais très heureux après avoir signé la pole à Bahreïn. J’ai donc pris le temps de la savourer comme il se doit. Mais de la même manière que j’essaye d’oublier le plus rapidement possible mes erreurs, je tourne aussi très vite la page quand je réalise de bonnes choses. Je veux m’améliorer en permanence et pour cela je ne peux pas me contenter de rester sur mes acquis. La F1 est un milieu extrêmement compétitif où tout le monde progresse très vite. Vous devez donc, à titre personnel, garder en toute occasion une concentration et un engagement maximal.
S’inspirant de sa propre expérience, Lewis Hamilton expliquait après Bahreïn qu’un pilote devenait un homme une fois qu’il avait signé sa première pole position en F1. Partagez-vous l’avis du Britannique ?
Oui… (il réfléchit) Pas vraiment en réalité (sourire). Je suis resté le même avant et après la qualification. J’étais juste plus heureux une fois la pole en poche. Cela fait forcément plaisir de montrer à tout le monde ce dont on est capable. Mais de là à dire que je suis devenu un homme après cette pole…
Vous accordez une très grande importance à la préparation mentale. De quelle façon travaillez-vous justement votre résilience au stress et à la pression de la compétition ?
J’ai souvent eu droit à cette question, mais y répondre en choisissant les bons mots demeure toujours aussi difficile pour moi. J’effectue beaucoup de tests avec des professionnels. On travaille surtout la concentration afin de rester le plus relax possible dans les moments de stress. En Formule 1 c’est primordial, car la pression qui pèse sur vous est juste énorme. Il faut savoir répondre présent même pendant des moments de haute tension. On bosse tout particulièrement cet aspect, même si l’on progresse aussi avec le feeling en apprenant simplement à se connaître.
« La Formule E est en train de prendre de l’ampleur. Mais de mon côté, je suis focalisé à 200% sur la Formule 1 pour l’instant. Mon objectif ultime et mon rêve depuis tout petit est de devenir champion du monde de F1 »
Nico Rosberg confessait un jour qu’un pilote de Formule 1 ne pouvait pas se contenter de savoir conduire pour espérer jouer les premiers rôles. Un top pilote doit aussi savoir maîtriser le jeu psychologique, sa communication, les réseaux sociaux, le marketing … Qu’est-ce qui vous a le plus surpris à votre arrivée en catégorie reine ?
J’ai eu de la chance de débarquer en F1 avec le soutien de Ferrari et de sa filière pour jeunes pilotes. L’Academym’a très bien préparé à franchir le cap. La plus grosse difficulté fut très certainement de devoir apprendre à travailler avec autant de personnes différentes. Cela représente un sacré défi surtout quand vous arrivez assez jeune en F1. Vous n’êtes pas habitués à parler à autant de personnes à la fois et à aller aussi loin dans les détails pour développer la voiture. Dans les catégories inférieures, l’auto reste la même toute la saison. Vous n’avez qu’à la régler en fonction des circuits et des conditions. En F1, ce n’est plus du tout la même histoire. Opérer cette transition n’a vraiment pas été simple au début.
Revenons plus en arrière encore. Quel impact ont-eu vos années karting sur le reste de votre parcours en sport automobile ?
Les années kart sont très importantes dans la carrière d’un pilote. Sans cette discipline, je ne serai très certainement pas devenu le même pilote aujourd’hui. Le karting apprend énormément de chose et ce n’est pas pour rien qu’il représente la base du sport automobile. Il enseigne comment on doit travailler avec une équipe, quelle attitude on doit adopter les week-ends de course. Je conserve d’excellents souvenir de ma période karting, car on se prenait beaucoup moins au sérieux qu’en monoplace. On courait surtout pour s’amuser. Ces moments-là, je ne les oublierai jamais.
En 2018, vous aviez été élu à l’unanimité du paddock « rookie » de l’année. Parmi les nouveaux venus, lequel vous impressionne le plus ?
(Il souffle avant de se lancer) Alexander Albon et Lando Norris sont les deux débutants à avoir montré le plus de chose depuis l’ouverture du championnat. Je suis d’ailleurs très content pour Alex. Cela fait un moment déjà que je répète que ce garçon va très vite. Il n’a pas eu beaucoup de chance ces dernières années, mais aujourd’hui il peut enfin laisser libre cours à son talent. Alex est, sans conteste possible, la plus grosse surprise de ce début de saison.
Votre frère Arthur collabore depuis un peu plus d’un an maintenant avec l’écurie Venturi en Formule E. Quel regard portez-vous sur ce championnat de monoplaces 100% électriques ?
C’est une bonne catégorie. La Formule E est en train de prendre de l’ampleur. Mais de mon côté, je suis focalisé à 200% sur la Formule 1 pour l’instant. Mon objectif ultime et mon rêve depuis tout petit est de devenir champion du monde de F1. Je me concentre donc pleinement à ça.
Arthur n’a repris la compétition automobile que la saison dernière après avoir passé quatre années loin des circuits. De quelle manière l’aidez-vous à combler son énorme déficit d’expérience ?
J’essaye de le soutenir autant que possible. Mais d’un autre côté, je pense qu’il important pour lui de grandir seul, car c’est un sport où vous êtes constamment livrés à vous-même. Dans la voiture, personne n’est là pour vous aider. Vous devez vous débrouiller seul. Il faut donc se préparer du mieux possible de son côté pour pouvoir performer sans l’aide de quiconque le jour de la course. Je m’efforce ainsi de me tenir à l’écart et de le laisser travailler avec son équipe. Après, il sait très bien qu’à chaque fois qu’il aura besoin de mon aide, je serai là pour la lui apporter.
Nico Rosberg confessait un jour qu’un pilote de Formule 1 ne pouvait pas se contenter de savoir conduire pour espérer jouer les premiers rôles. Un top pilote doit aussi savoir maîtriser le jeu psychologique, sa communication, les réseaux sociaux, le marketing … Qu’est-ce qui vous a le plus surpris à votre arrivée en catégorie reine ?
J’ai eu de la chance de débarquer en F1 avec le soutien de Ferrari et de sa filière pour jeunes pilotes. L’Academym’a très bien préparé à franchir le cap. La plus grosse difficulté fut très certainement de devoir apprendre à travailler avec autant de personnes différentes. Cela représente un sacré défi surtout quand vous arrivez assez jeune en F1. Vous n’êtes pas habitués à parler à autant de personnes à la fois et à aller aussi loin dans les détails pour développer la voiture. Dans les catégories inférieures, l’auto reste la même toute la saison. Vous n’avez qu’à la régler en fonction des circuits et des conditions. En F1, ce n’est plus du tout la même histoire. Opérer cette transition n’a vraiment pas été simple au début.
Revenons plus en arrière encore. Quel impact ont-eu vos années karting sur le reste de votre parcours en sport automobile ?
Les années kart sont très importantes dans la carrière d’un pilote. Sans cette discipline, je ne serai très certainement pas devenu le même pilote aujourd’hui. Le karting apprend énormément de chose et ce n’est pas pour rien qu’il représente la base du sport automobile. Il enseigne comment on doit travailler avec une équipe, quelle attitude on doit adopter les week-ends de course. Je conserve d’excellents souvenir de ma période karting, car on se prenait beaucoup moins au sérieux qu’en monoplace. On courait surtout pour s’amuser. Ces moments-là, je ne les oublierai jamais.
En 2018, vous aviez été élu à l’unanimité du paddock « rookie » de l’année. Parmi les nouveaux venus, lequel vous impressionne le plus ?
(Il souffle avant de se lancer) Alexander Albon et Lando Norris sont les deux débutants à avoir montré le plus de chose depuis l’ouverture du championnat. Je suis d’ailleurs très content pour Alex. Cela fait un moment déjà que je répète que ce garçon va très vite. Il n’a pas eu beaucoup de chance ces dernières années, mais aujourd’hui il peut enfin laisser libre cours à son talent. Alex est, sans conteste possible, la plus grosse surprise de ce début de saison.
Votre frère Arthur collabore depuis un peu plus d’un an maintenant avec l’écurie Venturi en Formule E. Quel regard portez-vous sur ce championnat de monoplaces 100% électriques ?
C’est une bonne catégorie. La Formule E est en train de prendre de l’ampleur. Mais de mon côté, je suis focalisé à 200% sur la Formule 1 pour l’instant. Mon objectif ultime et mon rêve depuis tout petit est de devenir champion du monde de F1. Je me concentre donc pleinement à ça.
Arthur n’a repris la compétition automobile que la saison dernière après avoir passé quatre années loin des circuits. De quelle manière l’aidez-vous à combler son énorme déficit d’expérience ?
J’essaye de le soutenir autant que possible. Mais d’un autre côté, je pense qu’il important pour lui de grandir seul, car c’est un sport où vous êtes constamment livrés à vous-même. Dans la voiture, personne n’est là pour vous aider. Vous devez vous débrouiller seul. Il faut donc se préparer du mieux possible de son côté pour pouvoir performer sans l’aide de quiconque le jour de la course. Je m’efforce ainsi de me tenir à l’écart et de le laisser travailler avec son équipe. Après, il sait très bien qu’à chaque fois qu’il aura besoin de mon aide, je serai là pour la lui apporter.
Propos recueillis par Andrea Noviello
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